sans cesse

popwar

mardi 28 avril 2009

Avant de l'Oublier.

Journée pluvieuse. Aujourd'hui.

Un individu. Un plancher sale. Un tourbillon d'escalier. Un escalier roulant sans marches.

Nous voila en bas de la colline. Première porte à gauche. Encore un plancher sale. Ça tourne vers la droite en descendant les marches. J'pose ma carte Opus sur la cible et ça me dit ''expire bientôt''. J'le savais déjà mais merci chère machine. Les gens courent vers la droite, vers la gauche ; ça dépend de où tu veux te rendre. La maison ou l'aventure. J'ai faim. J'vais à droite.

J'me positionne sur le même carreau de céramique. C'est plus facile, la porte ouvre devant moi et je n'ai pas à risquer de confronter un humain inconnu face à face. La fille à coté est jolie. J'le sais parce qu'elle sourit, dans le vide mais elle sourit. Le monsieur l'autre bord y fouille dans les vidanges, pourtant y porte un veston pis une cravate.

On sent le vent sur nos figures. Pas le vrai vent. C'est la chenille bleu qui déplace de l'air. Pas dans le bon sens. Le monsieur lâche la poubelle. Tout le monde entre en regardant par terre. De notre bord, on se sent trahi. Pourquoi eux avant nous. C'est pas grave. Chacun son tour. J'regarde encore la fille. Est grande. Trop grande pour moi. Mais elle sourit pu. Est jalouse. Le temps file, mais juste un peu. Le vent revient. Enfin. Les freins grincent pis voila. C'est mon tour.

J'rentre comme eux. J'regarde pas plus haut que les genous mais pas les pieds. J'prend place après le labyrinthe de tibia. J'recule ma tête sur le mur de plastique pas confortable et je ferme les yeux.

5 stations. Ça monte pis ça descend. Ça cris. Ça ris. Mais j'tentend rien. J'ai le Vallière à planche d'in écouteurs. Ya d'lair bin dans vie lui. Mais, j'vois rien de tout ça. J'sais pas si y bluff, si ya juste l'imagination fertile. Bref. J'ouvre mes yeux.

Jean Talon. J'sais même pas si y mérite son nom la. Ya surement été super nice pour la ville. Un menner ça sera moi, au pire. Un ptit sourire en coin, j'prend mon sac, j'me lève pis j'sors.

Les bébés chenilles sortent d'la grosse chenille. Ya pas d'escaliers en rond. Mais c'est encore sale. En haut des marches, ya un Couche-Tard qui se couche assez tôt. À gauche, c'est LE spot des musiciens. Aujourd'hui, pas de symphonie africaine fait par des non africains. Une madame. C'est tout. Elle a de quoi dans les yeux. Ça fait un pincement de la voir. Elle presse son petit accordéon, assez vite pareil. Ça sonne joyeux, mais le fond est triste. J'lui donne rien aujourd'hui, ni hier. Peut-être jamais. J'monte et sa fade out parce que le mp3 reprend sa place dans le murmure des tissus.

J'trouve mon p'tit carreau de céramique. C'est pas nouveau. La fille est pas à ma droite. Ya pas de monsieur en face. J'ai pas le temps de rien voir. Un bon coup de vent pis on recommence.

Ya pas de place. Mais j'me mets contre la porte qui s'ouvre pas. C'est safe pis j'suis plus grand que tout le monde.

Sauvé. Bah c'était un deux en deux. Un monsieur se lève et sort alors que j'vois le panneau. J'me dis, ça doit être un signe assis toi. Devant moi, un papier sur la grève à L'UQÀM. J'content d'être à l'UdeM. J'ai fini moi mais j'ai encore faim. J'entends un bruit d'emballage. Elle est italienne. Ça se voit. Lui aussi. Devant moi, j'les regarde du coin de l'oeil.

Ça aurait pu s'arrêter la. Mais j'me dis, pourquoi eux pis pas moi? Y s'aiment pis ça fait pas deux jours, c'est clair. Elle sait comment le faire sourire. Ça l'air simple. Pourquoi? Elle se couche sur son épaule. Y souris pas, c'tait du bluff. J'ai un flashback mais ça me donne mal à tête. Je refuse.

On voit du orange par la porte. Le gars bouge un peu, mais pas trop pour pas la déranger. Il se lève, la regarde longuement. Elle lui dit des mots que la toune de Felix Cartal enterre. Anyway, on le sait ce qu'à dit. Mais, il part, sans émotion. Elle souris pu. Est jalouse. Même la chenille bleu elle comprend pas. Fac, la elle fait sonner une sirène stridante. Personne se lève la tête. J'regarde le speaker en haut. J'imagine que la voix de femme monotone va dire quelque chose. Non. Les portes sont toujours ouvertes. Et si c'était la fin? Pour elle, pour moi, pour eux? Pourtant, tout le monde s'en fou. On lit, on écoute la musique, on joue au voyeur.

Les portes se ferment. Toujours la sirène. Toujours au 6 secondes. Presque dans le tempo avec ma toune. La fille est pas bien. Elle se prend la tête. J'la comprends. Mais c'est pas la faute d'la sirène, c'est pire que ça. Elle sait. Moi aussi, je sais. Mais elle se dit non et regarde par la fenêtre. Ya du noir, une lumière, du noir, une lumière. Encore du orange. Ah zut. C'est mon tour de la quitter. J'espère qu'elle sait que je sais.

Et je sors sans me retourner. Après tout, pourquoi élaborer, ce n'est que pure speculation. Ça va m'aider à me rappeler, que faut y croire, faut pas l'Oublier.

J'lai vu, elle, mourrir devant moi. Moissi, j'lai vu mourrir en face de moi déjà. Putain d'amour, t'as pas de coeur.

28/04/09.

2 commentaires:

  1. Honnêtement, et avec toute la franchise que j'peut y mettre. C'est probablement un des plus beau post que ce forum ait jamais vu.

    J'ai rien a dire de plus.
    Je savoure VRAIMENT ce soir.

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  2. Réponse à ton post:
    On est le 28 avril, yé 5h et quart du mat pis jme lève déjà. Montage, ce matin. Jme dit que j'vais arriver trop tôt, mais basta: on ne m'y reprendra plus à dire que j'arrive jamais à l'heure.
    Arrivé sur place, yé 7h10: Franky arrive juste à 9h pour ouvrir la salle... fuck... À côté d'moi, ya Élie qui est collé à son cell. Moi j'ouvre mon ptit 24h, section sudoku. Pour être relativement poli, j'enlève les speakers de mes oreillons. À travers le silence, ya Élie, à 2-3 mètres max qui est au tel avec sa blonde... ya les yeux fatigués, le trémolo dans la gorge... Une voix puissante sort de son cell. Il murmure "tu sais que jt'aime... non... arrête, tu lsais que jt'aime... oui. quess tu penses..." cris qui sortent du téléphone.

    Et moi, le malaise incarné sur deux pattes croches, jme dis que j'vis pu ça. J'me dis que Wolf a raison de traiter de con ceux qui s'promènent en couple dehors, le gros sourire fake ass, pis quand y sont seuls, y pleurent comme des perdus paski aiment plus leur conjoint... J'avais le goût dle prendre dans mes bras pis lui dire: finis-en, tu souffres pour une connerie qui devrait jamais te faire chier ou pleurer...

    Et jme dis que j'vis plus ça. Et crisse que ça me booste des fois. ...et crisse que ça me rend down pis plate à mort des fois... Mais maudit que jm'ennuie pas des engueulades en pleurant ' moi aussi jtaime, tsé! non c'pas ça! bouhouh, ben non tu sais, tu sais, tu sais....'

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