sans cesse

popwar

jeudi 16 avril 2009

The Holy Moment

Extrait de The Waking Life



Texte écrit dans les environs de l'automne 2006, et récité devant caméra en mars 2007 pour un vidéo nommé "Deaf Junk and Lazy Vome: Meddley Poetry (Re-Edit Master Cut)":

«Si Dieu est ce qu'on dit (Tout et Partout), alors le cinéma n'est pas complètement irréel, comme j'ai pu le dire. La vérité du moment elle-même n'est pas tout. Il s'agit de l'entierté du moment, ses différentes perspectives.
Deux personnes parlent à une table de la vérité du moment. Un père et son fils. La vérité consiste en plusieurs points de vue: celui du père, de son fils, des personnes qui sont passées par là et qui les ont vus, du cinéaste, etc. Et même la vérité non personnifiée est une partie de cela. Il s'agit alors du lien invisible, même pas psychologique, qui unit les deux personnes. Une artère de la méthaphysique (!!!). Il n'y a même pas d'idientité. Les deux pourraient être deux amis et avoir la même discussion, tout autant que deux étrangers. Cela fait partie de la vérité; le communicable et le non-communicable; peut-être même une troisième partie...»

À première lecture, je me rends compte que je me perds dans mes propos. Mais je vois quelque peu le lien entre ce vidéo et ce texte: tout comme Dieu, en tant que cinéaste (ou vidéaste), on tente de créer NOTRE réalité, NOTRE humain/personnage, NOTRE perception de la vie et de la mort. Avant de se suicider, une personne (artiste/auteur/cinéaste/...me souviens plus) a écrit ceci: "Chaque action que l'on pose, en tant qu'humain, est un geste contre la mort". Et bien je crois que cela rejoint facilement l'idée énoncée ici. La création, c'est la naissance de quelque chose.

Or, si Dieu est tout est partout, le cinéma, lui, ne l'est pas. Pas entièrement. On cadre le perso 1 dans un plan serré. Dans un environnement choisi. À un moment précis de la journée (donné ou recréé). Avec une action ou une non-action. Ce personnage n'est pas imaginé par le spectateur. Les images ne sont pas imaginées, elles sont données. Celui ou celle qui regarde PEUT s'imaginer cette personne se lever le matin, mettre ses chaussures nike et boire un café. Mais elle ne le verra pas nécessairement dans le film. Un film égal à Dieu équivaut à toutes les échelles de plans, avec toutes les choses qui existe, que l'on voit et que l'on ne voit pas en tant que simple humain, avec toutes les pensées, toutes les musiques, l'espace temps au grand complet, le Universal Mind en intégral... tout ça dans un seul film.
Je vous le dis: le film s'appelerait «Mal de tête intense».

Bref, le cinéma selon moi est à l'échelle d'une personne, d'un point de vue, ou (si l'on est chanceux et en démocratie) de quelques personnes, en l'occurence un film collectif qui assemble les idées de plusieurs créateurs: je pense entres autres à États-Humains, réalisé par 6-7 comédiens talentueux qui écrivent leurs textes eux-mêmes, ainsi que Denys Arcand qui a réalisé «Le Confort et L'Indifférence» avec des segments tournés par différents DoP. Sans oublier notemment le projet de l'essai collectif. Mais en gros, ce n'est pas l'absolu. Ni le parfait, ni le pire.
C'est.
Point final.

C'est une création parmi tant d'autres, certes, mais il reste que c'est tout de même une part de la réalité, quelle qu'elle soit.

8 commentaires:

  1. Chose certaine, l'art est la a la base pour ne pas mourir. Même une création complètement morbide qui mènerais au réel suicide de l'artiste serait un acte de vie plutôt que de mort.

    Vraiment interessant ton texte Deaf. J'apprécie vraiment ta vision des choses. Elle me semble tiraillé et complèxe mais toujours ramener volontairement a un minimalisme radical te permettant de prendre le dessus sur ta pensée.

    J'me trompe peut être, c'est comme ça que je perçoit tes idées, et elle me plaisent.

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  2. Ce que tu dis est intéressant et je suis d'accord sur plusieurs points.

    Cette phrase résume assez bien tout ton article, selon moi: "La création, c'est la naissance de quelque chose.
    "

    Les paramètres de la création (ses limites) sont définies par le créateur, dans ce cas le cinéaste.

    Sa réalité, créé de toute pièces par lui est limitée par deux facteurs ; son point de vue (ce qu'il souhaite montrer ou pas), puis le temps.
    Pourquoi le temps? Parce qu'aussi tôt que son film/création arrive à la fin, son univers cesse d'exister (sauf dans l'esprit de celui qui l'a regardé, mais dans ce cas le spectateur devient le créateur, puisqu'il manipule la création originelle)

    Le cinéaste a cet avantage, il peut créer ses réalités et y faire vivre ce qu'il veut. Le paradoxe et tout l'intérêt de ce sujet réside dans ceci : cette réalité est immortelle, puisqu'elle peut être conservée et rejouée autant de fois que l'on veut, mais elle est éphémère, puisqu'elle s'arrête aussitôt que le spectateur le souhaite.

    Créer, c'est peut-être être le Dieu d'un univers que l'on peut manipuler de toute pièces?
    Je sais pas, peut-être que je dérape.

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  3. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  4. "Rien ne se crée, rien ne se perd ; tout se transforme."

    Ce qu'on appelle donc "création" artistique, en langage courant - langage qui mêle toujours les sens profonds - c'est en fait une transformation, à la base. Le cinéma, cet art de transformations des plans, de montage de séquences enregistrées ; c'est l'enchaînement des scènes dans le temps qui livre le sens du film... j'lance des idées...

    l'enchaînement de plans, de photos d'éléments réels (puisque filmés... quoique, avec les effets spéciaux...), livre un sens supérieur, transcendant aux plans, aux objets du film mais comme *issu* de leurs rapports sémantiques... des sens qu'ils-ont-entre-eux... (i.e. du toutou du soldat qu'il avait quand il était tit-cul au début du film... ad nauseum).

    c'est dans le *montage*, disait Sergueï Mikhaïlovitch Eisenstein, que le SENS d'un film se livre, que le cœur du film se trouve ; c'est-à-dire que ce qui caractérise le cinéma c'est la *manipulation* radicale de la présentation des objets du film dans le temps du visionnement par un sujet, la "création" d'un sens nouveau, d'une réalité émergente...

    Dieu est mort. Alors le cinéaste *joue à être Dieu*, à créer des moments.

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  5. Bel article! Beaux commentaires! Alva c'est pour quand ton article?

    Dans le fond, on crée pour laisser une impression de notre existence sur terre ou du moins on transforme...

    L'art serait-il une façon de déjouer la mort? De se créer un univers parallèle dans lequel l'artiste et le spectateur peuvent vivre?

    Des questions, des questions...

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  6. Quand Alvaro écrit : "dans ce cas le spectateur devient le créateur, puisqu'il manipule la création originelle", moi je lis au delà dans le sens que même le sepctateur (aussi effronté soit-il!) peut RAJOUTER un ou plusieurs éléments au film. Exemple: au visionnement de l'essai un, chez moi, je n'ai pas hésité à capturer le tout et l'arranger différement (avance rapide, close up sur un détail, ajout d'une scène filmée par moi-même, etc). Dans ce cas, le spectateur devient créateur d'une oeuvre ENTIÈREMENT personnelle... ainsi que collective! Oui, puisque l'oeuvre originale provient d'un autre individu! Alors, n'est-elle pas plutôt une oeuvre 'unique'? ...(soupir) oui bon ok, je formule mal mes phrases, ça arrive OK!?

    La complexité minimaliste de mon propos apparaît là où un simple questionnement déboule sur toute l'existance...

    Tout le monde semble me poser une question, alors qu'au fond je n'ai rien à redire à tout ce que vous évoquer vous-mêmes! Vous faites très bien, chers petits chérubins! Dormez ben!
    ...Quelqu'un a visionner le ptit film en haut?

    P.s.: j'ai fini de retranscrire 20 pages de poèmes oubliés depuis 2-3 ans, en voici un extrait:

    «Apprend à être content de ne pas avoir ce que tu mérites
    De rejeter ce dont tu croyais avoir besoin
    À désirer ce qui t’effraies le plus. »

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  7. too heavy for my mind.

    Non, je comprend vos points de vue, mais toutes ces théorie du cinéma + un clavier, c'est très raide pour moi.

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