(Un métro. Trois figures dans un wagon de métro. Une voix de femme dit de façon monotone : Prochiane Station, Crémazie)
EL HÉNRAL :
moi j'pense que ça devrait être solitiare, le cinéma. parce que dans le fond c'est une expérience solitaire, le cinéma. je suis tout seul transporté dans la bulle irréelle qui gonfle pis éclatte dans le téléviseur. tu la gonfle avec ton attention, l'attention que tu lui porte, le moment ou toute ta personne devient comme omnibulée par la bulle, pis ton attention doit rester dans ta bulle ; la gonfler, faire vivre le film, c'est l'extase du déchirement, c'est l'annéantissement du réel à travers l'art, c'est la substitution du là-devant-moi avec un ailleurs en images, en sons...
(La voix de femme : Prochiane Station, Jarry)
un ailleurs qui portant est ici, là, dans le téléviseur, dans ma tête, sans jamais n'être ici, que je ressens... que je ris et que je larmois, que je vois... que je vis - dans le fond (Prochiane Station, Jean-Talon) - tout seul. le cinéma, c'est l'art le plus solitaire.
CORBÈSE :
solitaire? c'est sans sens pourtant : le tourange, la salle de projection, ça te semble solitaire? le cinéma c'est au contraire l'art cummunautaire par excellence, l'art - oserai-je? - communiste! au contraire des autres arts (peinture scuplture danse etc.), ou la vision de l'auteur est traduite exactement (selon son degré de maîtrise technique) - c'est pas juste la vision du réalisateur, ou du directeur photo, mais de tous les impliqués dans le film, jusqu'aux acteurs qui créent des personalités, des tics, des mouvements...
(La voix de femme : Prochiane Station, Beaubien)
EL HÉNÉRAL:
mais ça se passe juste dans ma tête. c'est là que le film se vit, c'est juss moé qui fait les liens entre les événements de l'histoire, qui aime ou pas les personnages, qui vit l'action (ou la non-action, voir Continental ou Demain ou encore...)... un film devrait se suffire à soi-même, un film c'est un monde en soi, un monde qui se contient lui-même.
MOGGLI :
moi, c'est pour me divertir que j'écoute le cinéma, j'veux pas trop penser, j'veux une belle production américaine avec des tétons pis des explosions
(Prochiane Station, Mont-Royal)
EL HÉNÉRAL :
on va au Saint-Ciboire
sans cesse
popwar
mercredi 15 avril 2009
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Bon premier article my friend. Tu rejoins déjà avec des articles précédemment écrits: le cinéma art solitaire ou art communautaire? Le cinéma se savoure (en ce qui concerne les projections à plusieurs) et se crée en communauté. Mais le point de vue de l'auteur et celui du spectateur leur appartient. ET tu finis par parler de cinoche hollywood, qui veut rejoindre la communauté. C'est great comme article, hâte aux prochains
RépondreEffacerTu parles de deux choses très differentes. La production et le visionnement.
RépondreEffacerLe visionnement est profondement solitaire.
La production est solitaire, aussi. C'est la vision du réalisateur qui prime. C'est lui qui a le dernier mot sur tout. Vraiment. Il peut dire non à n'importe qui (à part peut-être au producteur). Bien sûr, dans le cas qui nous concerne, nous étudiants, nous pauvre faisant des films de pauvres, les décisions reviennent au Réalisateur, au Directeur Photo et quelques fois au acteurs. Le restant, l'équipe technique, est là pour supporter l'idée, pas la contredire ni pour la faire à sa manière. Vous allez peut-être m'hair pour mes propos hiérarchique, mais je crois profondément à la séparation des tâches sur un plateau de tournage. Du haut de mon expérience de deux plateaux de tournages de 15 personnes à l'UQAM.
j'approuve l'importance de la hiérarchie pour les plateaux de tournage, mais j'aime l'égalité sur le plateau, quand on dirait qu'on réalise à plusieurs, j'ai parfois l'impression qu'on peut en tirer pleins de bonnes choses, comme au début de l'ONF, (je ne me compare pas à eux).
RépondreEffacer