sans cesse

popwar

jeudi 23 avril 2009

Marla Singer (Deaf Junkie mix)

23 avril 2009 (minuit :23)
« Marla Singer (Deaf Junkie mix) »

David vient tout droit de Californie et me dit que le boulevard Décarie le rend nostalgique. Il fait près de vingt-cinq degrés Celsius et le soleil rend l’autoroute si brillante qu’il faut regarder ses souliers sans arrêt pour éviter d’être ébloui.
Les cours sont finis. Nous revenons de prendre un café avec Alexandra et Philippe qui sont dans le même programme que moi. Ce sont eux d’ailleurs qui ont d’abord connu David, suite à de nombreuses discussions sur des blogues. Passés la dernière rue avant l’autoroute, trop irrité par la lumière, je finis par sortir mes lunettes fumées.

Nous traversons la première moitié du boulevard quand David me dit : « You know… When you think about it, it really looks like the freeways, when you’re leaving L.A. » David est dealer. Normalement, les dealers ne consomment pas le matériel qu’ils vendent, mais étant donné les circonstances, David a pris un sachet de PCP et l’a versé en guise de sucre dans son café, lorsque nous étions tous sur la terrasse d’un café bondé, en plein centre-ville de Montréal, un vendredi midi à la sortie des classes. Depuis que l’autoroute 15 est visible du boulevard, David ne cesse de répéter : « People are afraid to merge on freeways… »
Et c’est au moment où nous traversons la première moitié du boulevard, au signal lumineux pour piétonniers, que je vois cette jeune fille. Chemisier blanc boutonné, pantalons noirs, et une chevelure rousse et brune. Assise là, le dos droit, les jambes étendues devant elle, les bras tendus en arrière, les mains sur les briques du terre-plein qui sépare les deux allées. Sa main gauche s’élève à la hauteur de sa bouche mince et pulpeuse, un sourire subtil, et elle inhale sa cigarette. Ses yeux sont fermés. Son mascara sombre et doux ainsi que le reste de son visage : tout ça dégage une béatitude simple et forte. Tout ça, je dois le voir de mes propre yeux pour y croire. Je lève mes lunettes fumées et ce que je vois est une ville irradiée, surexposée, avec un pont en arrière plan, et deux petites lignes touffues et noires sous une crinière rousse.
Le temps que le feu revienne au vert, j’examine ses traits dans le moindre détail, sous mes verres opaques, mais rien de plus frappant que de regarder cette scène sous un regard alerte à la lumière pure du soleil. Les reflets sur l’asphalte, le ciel jaune de smog, le chemisier blanc qui reflète toute la lumière et les cheveux sombres qui captent tout… Le temps passe et je ne me rends pas compte que nous avons traversé depuis longtemps. Il n’y a pas de trafic, me fait remarquer David. Aucune voiture ne roule sur l’autoroute. Et ce doit être impossible. Pourtant, on ne voit que l’asphalte réfléchir une couleur dorée à des kilomètres à la ronde. Lorsque nous sommes rendus au coin du Centre Rockland, David s’allume une cigarette et me la tend au moment où il expire sa bouffée. Je la prends et la tends à mes lèvres sèches, j’attends puis inspire. On marche vers l’entrée principale et j’expire en redonnant la cigarette à David. Il marmonne des trucs comme : « People are crazy, you know? I mean… dumb. » Et je marmonne ouais en pensant : « People are afraid… to merge on freeways of Montréal. »





(1h05 am)

3 commentaires:

  1. T'as ecris le texte en trouvant la pic ou vice versa?

    D'ou sa sort sa? Une vrai histoire remix par toi?

    On voit vraiment la vidéo (ou le cinéma, faut encore un fois trouver le mot juste) dans certain de tes description, chose que je trouve savoureuse.

    Les images (mots) en mouvements.

    RépondreEffacer
  2. En fait, je me promenais pendant des heures (comme toujours) sur DeviantArt et j'ai trouver cette image que j'ai recadree maintes fois sur le iTouch... Et ça m'a inspirer l'histoire que j'ai écrite au complet en écoutant en repeat le mix que j'ai fait de la toune des Dust Brothers.

    Voilà

    RépondreEffacer