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lundi 13 avril 2009

NOTES SUR LE NOUVEAU CINÉMA AMÉRICAIN, Jonas Mekas, partie #2

Suite du texte de Jonas Mekas sur le nouveau cinéma.

Liaison du style et de l’homme :
Ainsi nous pouvons dire que le mouvement du nouveau cinéma indépendant – comme les autres arts en Amérique aujourd’hui – est d’abord un mouvement existentiel, ou, si l’on veut, un mouvement étique, un acte humain; et c’est ensuite seulement un mouvement esthétique. Mais alors on pourrait dire que tous les arts, de tout temps, ont été, d’abord, des actes existentiels. Même quand nos films semblent être au plus haut point éloignés de la réalité, comme les œuvres de Robert Breer ou de Brakhage – ils proviennent d’un dégoût pour les conceptions statiques et dépassées de la vie et de l’art. On pourrait dire que le nouveau est toujours moral.

Que le nouveau est toujours moral : note en marge
On peur se demander parfois, pourquoi je suis si obsédé par le nouveau, pourquoi cette haine contre l’ancien. Je crois que la vraie sagesse et la vraie connaissance ont été recouvertes par des couches et des couches de culture statique. Si nous savons quelque chose sur l’homme, c’est cela : il doit avoir le droit d’accomplir sa propre vie, de vivre sa vie aussi pleinement que possible. Le cul-de-sac de la culture occidentale arrête la vie spirituelle de l’homme. Sa « culture » trahit ses pensées et ses intuitions. Ma position est celle-ci : tout ce qui maintient l’homme dans les moules de la culture occidentale l’empêche de vivre sa propre vie. Assurément l’une des fonctions de l’artiste est d’écouter la vraie voix de l’homme. Le nouvel artiste, en se mettant à l’écoute de son intériorité, commence a saisir des bribes d’une conception authentique de l’homme. En étant simplement nouveaux (ce qui veut dire : en écoutant plus en profondeur que leurs contemporains), Brakhage et Breer contribuent à libérer l’esprit humain du fardeau mort de la culture; ils ouvrent de nouvelles perspectives de vie. En ce sens, un art vieux est immoral – il maintient l’esprit humain dans la servitude de la culture. Le côté destructeur de l’artiste moderne, son anarchisme, comme dans les happenings ou, même, l’action painting, est, donc, en fait, une prise de position en faveur de la vie et de la liberté.

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