sans cesse

popwar

dimanche 28 juin 2009

Le Roi de la Pop est mort

Né d'une famille moyenne, le roi de la pop, c'est à dire Dead Machina, un bloggeur de renom de Laval, a été déclaré mort, cet après-midi, à son domicile. La tête ensanglantée sur le clavier de son ordinateur, l'artiste adoré de plusieurs écrivait alors le chef-d'oeuvre de sa vie, si l'on en croit l'en-tête de son dernier blog.
À travers plusieurs de ses écrits se trouvaient des signes prémonitoires de sa mort prématurée: par exemple, des textes éprouvant sa peur de vieillir : "Je croyais qu'avoir 20 ans, c'était être moins con", écrit-il. "Que j'allais arrêter de radoter les mêmes choses tous les jours. Hélas, les gens sont cons, et j'en fait partie."
Autour de la dépouille se trouvaient plusieurs feuilles sur lesquelles étaient fraîchement imprimés des textes datant de plus de 3 ans, comme un recueil de nouvelles, des poèmes, des romans non achevés. Comme s'il voulait se rendre compte de la banalité qu'il pondait régulièrement pour se donner raison et mettre fin à ses jours.
La dépouille a été ramassée au balais et, après être passée dans l'aspirateur centrale, aurait émis plusieurs râles dont des insultes incompréhensibles comme "blhgfebeuh... jailbait.. gribolobuhg... tease! jhhhbgbg".
C'est ce matin que l'on aurait trouvé une lettre écrite à la main, mouillée par les larmes et le sperme de l'auteur, dans laquelle est listée chaque poste télévisuel méritant d'être banni à vie, tel TQS et le 10 "qui ne passe que des annonces bidons et sans intéret. Il faut arrêter le massacre."

Le roi de la pop a été surnommé ainsi après ses nombreuses crises envers les stars adulées et ses opinions rabaissant envers elles. Sa citation la plus célèbre, qu'il a clamé au moment d'entrer dans la voiture d'une police, restera dans nos coeurs, comme une botte bien enfoncée dans le derrière: "If there's grass on the field, play ball!" L'artiste venait de se faire arrêter après avoir tenter de faire l'amour à un terrain de soccer.

-DM-
Dimanche 28 juin 2009

lundi 22 juin 2009

mercredi 17 juin 2009

Ambition

L'autre jour, je jasais avec Simz de cinéma finançable, du genre: "ok on arrête de niaiser, pis on travaille sur un projet sérieux qui pourrait vraiment voir le jour sur un écran, petit ou grand." Hier, j'ai repensé à un ancien élève de Momo qui, lui, travaillait pas mal fort sur un projet ambitieux, mais relativement risible. Je ne suis pas envieux de thèmes abordés dans John et Kev, deux "chevaliers jedi" dans un Québec indépendant ou la peine de mort est rétablie par un méchant méchant chef de mutant. Nenon, j'suis pas jaloux. Mais j'ai regardé sa préparation, et je dois avouer que c'est beaucoup plus élaboré qu'un simple "ok go j'viens d'avoir une idée, on la tourne". Pré-prod avec des financeurs qui sont prêts à investir 10 000 dollars dans leur projet (costumes, chorégraphes de combat, effets spéciaux, autorisations de lieu de tournage, comédiens, équipement de cinéma, etc), prod (assez élémentaire, de ce que j'ai pu voir), et post-prod acharnée. Acharnée sur les FX, oui d'accord, mais quand même. Le fond est très hollywood, mais si yen a un qui est prêt à percer, je crois qu'il est plus prêt du but que l'essai.

La question qui me trotte en tête est celle-ci: est-ce vraiment un but ultime que de percer le marché cinématographique? Oui, on peut gagner éventuellement de l'argent avec ça, mais n'empêche que de tourner en direct, en improvisant au fur et à mesure avec le scénario et les acteurs, sans nécessairement se soucier que le film soit agréable à regarder à la fin du montage, peut être une bénédiction en soi. Aucune limite, aucune attente.
...Mais un scénario bien bâti, intéressant, intelligent, en se permettant une improvisation qui cadre avec le récit, ça aussi, ça peut être une bénédiction.

Est-ce mon ambition?
Depuis toujours, mes chers frères vidéastres.

Une image lechée, avec un son clean, et sans vouloir perdre le spectateur pour autant, le garder scotché à son siège jusqu'à la fin, sans le prendre pour un imbécile. Peut-être même le rendre heureux. ...Je crois que c'est la première fois de ma vie que je pense en conséquence du public... Mais c'est vrai que j'aimerais nourrir la culture contemporaine avec quelque chose de plus raffiné. Pas de l'acting de Star Wars entre copains comme en secondaire 3, ni de dialogues du genre: "Tu sais ce que Tarkovski disait...". Quand j'ai vu le film 'Lumière Silencieuse', j'y ai vu une force dans le scénario parce que l'histoire ne se basait par sur un conflit ethnique ou religieux (tout le monde vient du même coin, même religion cloîtrée), mais sur la moral d'un homme ou d'une femme. Voilà quelque chose sur laquelle n'importe qui peut s'identifier. Chaque humain a une morale, une conscience avec laquelle nous vivons tous les jours. Et c'est ce que je souhaiterais mettre en image. Peut-être un jour aurai-je l'audace d'enfin écrire le scénario de la nouvelle "Zooey" de Salinger: un grand frère et sa petite soeur qui s'engueule, c'est bien, non?

...et dire que j'ai presque participé à un projet financé de dix milles bidons... (qui n'a jamais été tourné, soit dit en passant! héhéhé)

-JD-
mercredi 17 juin 2009, 23h24

vendredi 12 juin 2009

Je ne me souviens plus du titre que je voulais mettre à cet article.

Depuis quelque temps cine-gual me demande : quand est-ce que tu vas écrire sur 00essai.net?

Aujourd'hui, Simon, aujourd'hui. J'ai plusieurs thèmes qui trotent dans ma tête depuis 5h AM. Trois heures plus tard, j'écris ces lignes, et sans plus de préambules, je me lance, risquant de tout tourner au ridicule.

Je suis conscient que 00essai reste un pseudo-blogue traitant surtout d'expression artistique / cinéma et de certains sujets dignes de débats, mais toujours « dans l'abstraction » de ce qui peut être considéré comme art – en fait, je ne suis conscient de rien, mais c'est ce que 00essai représente pour moi -. Peut-être que ce que je vais écrire ne fait pas dans les normes de ce que l'on s'attend à retrouver sur le site, je m'en excuse donc à l'avance. J'ai écrit cet article dans le désordre. J'ai développé autant que possible sur les thèmes qui m'ont obsédé depuis mon réveil, et je les ai changé d'ordre, modifié, re-collé, etc. de façon à ce que le texte ait un certain sens, puisque les idées présentées sont quand même assez différentes d'un paragraphe à l'autre. Je réalise tout de même qu'il y a un thème récurrent, et que l'article une fois fini, il donne quelque chose d'assez uniforme.

J'ai lu Camus – je ne fais en aucun cas référence à la blague qui revient très souvent sur le blogue, ce qui suit est sérieux! - dans l'espoir de me révolter, de dévenir un homme révolté, de comprendre, non pas le sens de la vie, mais le fait que la vie n'a pas de sens. J'ai apprécié ses propos, mais le tout reste beaucoup trop personnel et particulier pour que je puisse m'attacher à sa façon de penser. Aujourd'hui je deviens homme alors que je n'ai jamais réalisé avoir été adolescent. Je suis toujours un enfant.

Je suppose que c'est peut-être ça, que nous avons en commun, ce côté « enfantin » qui nous pousse à créer, à nous exprimer – même si c'est fait de façon naïve, en croyant que nous avons réellement quelque chose à dire et que l'on veut réellement nous écouter. « Maman, maman! Regarde, regarde! ».

C'est peut-être ça, un aspirant-cinéaste/créateur/artiste, aux yeux de quelqu'un qui l'est déjà, ou aux yeux de tout intellectuel qui nous surpasse. Quelqu'un de naïf, qui croit réellement avoir des chances dans un domaine de requins.

« Oui, mais je veux m'exprimer, moi! Je veux pas faire Hollywood et j'ai réellement quelque chose à dire »

C'est ça, la naïveté dont je parle.

« Pourquoi toi, sur ton ordinateur, dans l'une des plus riches villes du monde, aurait quelque chose digne d'être écouté? Et comment peux-tu évaluer, par toi-même, que tu as quelque chose à dire? Qui veut écouter tes problèmes avec ton ex-blonde, ta famille, ou tes crises existentielles? Quoi?! Tu veux mettre ça sur film et te faire payer? » , dis-je, derrière mon bureau.

La ressemblance entre le mot « bureau » et « bourreau » me frappe aux yeux.

J'espère que le lecteur ne croit pas que je suis quelqu'un de mauvaise foi, qui vient ici jeter une bombe pour repartir tout de suite, en riant du mal que ces propos péssimistes ont pu faire dans le coeur des naïfs. En fait, j'espère que le lecteur réalisera que je m'inclus dans cette gamme de naïfs, et que je crois que c'est notre qualité première, en fait, il s'agit de notre « moteur » pour créer. C'est parce que nous sommes naïfs que nous croyons que ce que nous avons à dire vaut la peine d'être dit, et c'est bien ainsi, puisque sinon, il n'y aurait personne qui créerait quoi que ce soit. C'est grâce à cette inconscience de ce que les gens peuvent penser des personnes qui aspirent dans un domaine artistique - ou contingenté - que nous avons le courage – et je ne peux penser à d'autre mot plus juste que courage, sachez-le – de faire des films, de la musique, de dessiner, et de montrer tout cela à des gens qui vont passer dix, vingt secondes, tout au plus, à regarder nos créations jusqu'à ce que cela ne les amuse plus. Puisque c'est cela qu'ils veulent, être amusés.

En fait, pensez à quelqu'un qui ne s'intéresse pas du tout à ce qui est culturel, artistique ou un peu moins accessible. Comment ce sujet voit toute personne qui souhaite devenir « artiste »? Il pense surtout à sa naïveté. « Voyons donc, artiss? Tu penses vraiment faire carrière la-dedans? En plus tu veux pas faire des films d'action? Tu mangeras pas, toi! »

Je tiens à mettre au clair quelque chose qui m'a paru ambigu après une lecture de ce texte. Je sais que l'on peut considérér que « tous les gens ont quelque chose à dire ». Je parle surtout dans le sens où l'on prétend « vivre » en « disant ce que l'on a à dire ». Je parle d'argent, de faire sa vie en cinéma – ou en musique, ou en peinture, ou en je-ne-sais-pas-trop-quoi -.

Je pense bien que je n'ai plus rien à donner. En fait, sachez que cet article n'a pas été écrit dans le but de nuire, mais plutôt dans le but de théoriser – oui, oui, je théorise, maudit étudiant que je suis!- , de définir le moteur qui nous pousse à faire ce que nous faisons; essayer de faire du cinéma.


Alvaro.

jeudi 4 juin 2009

WHATTT? DJ PARTY A LP??? WHHHAAATTT??!


Hoooooo oui!
VOMIT
VOMIT
VOOOOOOMMMMIIITTTT!
VOMIT
VOMIT
VOMIS?

Samedi 13.06.09
Chez moi/Chez Simz.
7h till night.

Quatres Djs qui apporterons la qualité même de l'électro musik dans toute sa saveur yo! Tout ça autour d'un chilling trop hawt chez Lazy V.

Voila le line up.

Pheley - Hip Hop/Break beat/Crunk shizzle
Deaf Junk - Electro funk/punk/NuRave/NuDisco
Gen Choco - Synth pop/Club beats/Electronica
Lazy Vomis - Minimal/Deep/Prog/Tech/House

lundi 1 juin 2009

La Mort d’un Naufragé

«La Mort d’un Naufragé» (dimanche 31 mai 2009, minuit 34)

Il y a déjà plus d’un mois que je ne dors pas.
La première nuit passée complètement éveillé, je l’ai passée à regarder la télévision, espérant que la prochaine émission serait ennuyante, endormante. Jusqu’à cinq heures du matin, j’ai attendu le moment propice pour dormir. Puis, j’ai dû quitter pour le cégep.
Deux semaines plus tard, c’était fini, l’école. Et les cernes ont passé du bleu pâle au violet foncé. Du jour au lendemain, j’ai commencé à voir des fioritures dans l’image, les sons étaient décalés et le récit, incompréhensible. La table de montage n’était pas disponible, cette journée-là, malheureusement. Impossible de remettre les pendules à l’heure. Quand on fait de l’insomnie, le temps est parfaitement incohérent : les aiguilles tournent en sens inverse, on passe de la nuit au jour en pensant constamment que c’est le monde à l’envers, et le temps s’arrête… Depuis une semaine, je passais mes soirées à chercher Max Von Sydow pour utiliser son image comme profil. Je parlais avec Susanne Bier de son film sur les noces d’un jeune couple. Je peignais la Mona Lisa édentée avec La Nui Étoilée comme fond. J’ai voyagé en Argentine, en arrêtant par Tel-Aviv, dans un petit café où je marmonnais seul à quel point je n’ai jamais aimé l’adaptation cinématographique de Less Than Zero. Peut-être avais-je enfin rêvé.
Hélas non. Je me retourne de côté dans mon lit, les draps tous mêlés autour de mon corps de plus en plus frêle et je me dis que ça semblait si bien comme histoire à imaginer.
Mes yeux se sont renfoncés, mes tempes sont si noires qu’on les croirait dessinées au fusain et le cadran affiche 4 :09. Et je décide que c’en est assez.

Mon problème c’est que, lorsque je suis obsédé par quelque chose, j’ai la mauvaise habitude de l’assimiler en moi. Prenons l’exemple de désordre psychologique qui me fascine depuis prées de 4 ans : l’amnésie. À force d’en parler dans quelques histoires que j’ai écrites, auparavant, j’ai fini par avoir de plus en plus de pertes de mémoire. Mélangez amnésie avec insomnie, plus un esprit contradictoire à la base, vous obtenez une personne complètement déboussolée qui se retrouve à une pharmacie et qui, au lieu de chercher les somnolents, se trouve dans la section électronique à chercher un téléphone avec agenda intégré. Parfois, si j’ai de la chance, j’ai des flashs de conscience qui reviennent me hanter. Et c’est le cas, Dieu merci, alors je silionne les allées à la recherche du remède à ma maladie. Rien contre la diarrhée verbale, mais peut-être y trouverais-je une alternative aux publicités de Sex-A-Tout et du Clan Paneton. Alors arrive le moment tant attendu d’avaler les petites pilules. Non. Un instant. J’ai oublié de dire qu’avant les médicaments, j’ai essayé les fêtes, l’alcool jusqu’à épuisement des stocks, les raves, l’ecstasy, le speedball, les combats de ruelle, la baise sportive des minettes en chaleur, le vélo de montagne, la course du mille, bref l’entraînement physique qui épuise le corps et l’oblige à se reposer. J’ai pensé que l’effort m’amènerait à un coma réparateur, quelque chose qui pourrait enfin m’empêcher de dire n’importe quoi à n’importe qui. Je pensais que la mort allait enfin être la solution à mon problème de gigotassions nocturnes. Et puis m’est venu en tête que le coma n’étais pas ce que je recherchais. Je voulais m’envoler ailleurs, quelque lieu où je serai sûr de ne déranger à personne, un endroit désertique, mais paradisiaque. Le surf, j’ai pensé. À travers les vagues électroniques, j’allais trouver mon paradis personnel. Alors, les séances nocturnes d’ordinateur ont recommencé. En fait, toute la nuit et du matin au soir, à dix centimètre de l’écran, je passais en revue tous les sites qui pourraient m’aider à trouver ma plage des suds tropicaux. Sites d’art, photos et peintures de sable, de lagons, et vagues; sites de leçons de comment construire son radeau aussi bien que Chuck Noland dans Cast Away; psychomédia pour les trucs du jour « comment aider un amnésique à vivre tous les jours. »
Mon teint est vert pâle et le pharmacien qui me fixe depuis dix minutes, ça pourrait être une heure, je ne regarde plus ma montre, il sort de son cabinet et me suggère une boîte. Je ne regarde plus rien, en fait : depuis des jours, mes yeux fixent, c’est tout. Chez moi, la boîte a un nom. La caissière me demande si j’ai la carte Air Miles, et monsieur, et youhou, et je dépose un billet de ma poche. Peut-être un vingt. La police n’est pas venue m’arrêter pour vol. Elle se nomme Homéogène 46 de BOIRON, croquer et laisser fondre deux (2) comprimés le soir et deux (2) comprimés au coucher. En cas de persistance des troubles, consultez un médecin. Un médecin. Tiens, je n’y ai jamais pensé. Peut-être par peur de me faire renvoyé chez les Remaining Men Together comme Jack. 60 comprimés, trois (3) tablettes de vingt (20). Et je croque, je mâche, j’attends jusqu’à ce que tout soit dissolu. Couché dans mon lit, au lieu de compter les moutons, je repense à tout ce que j’ai vécu depuis ma naissance. Remontons au premier souvenir : moi à deux (2) ans dans mon berceau qui essaie de s’enfuir de sa chambre noire plonger dans la pénombre, je me rentre le barreau dans la fourche et j’ai mal, mais je réussi à descendre. Je ne vois pas la poignée de porte, mais je sais exactement où elle se trouve, et même si elle est très haute, je réussi à ouvrir la porte et à aller dans le salon pour regarder la télévision. Au lieu de m’emmerder en me racontant cette histoire, je souris. Passons à une autre histoire… J’ai huit ans, et je dis une connerie à ma copine le jour de ma fête. Non, déjà écrite, cette histoire-là. Ça va m’endormir rapidement, pensais-je, et je vais dormir. Bien sûr, me connaissant, il n’y a aucune chance que je ne sois pas excité en pensant à tous les souvenirs qui me hantent. En fait, j’ai les yeux tellement secs que de les fermer serait trop pénible comme douleur. Ils sont figés sur le cadran et tout est flou. Le cellulaire vibre. Il s’agit d’un texto qui date d’une semaine. Ça y est, les revenants m’appellent. Enfin. À l’autre bout du fil se tiendrait une personne qui lâcherait un râle moribond avant de raccrocher. J’aurais enfin la preuve que je suis plus proche de la mort que je ne crois. Peut-être étais-je déjà sur mon île déserte. «Je ne serai pas là, à la projection. Tu me diras si c’était bien, et qui a gagné». Et ce numéro, c’était celui d’une fille avec qui j’avais à peine échanger quelques lignes sur internet. Comment pouvait-elle avoir mon numéro de cellulaire? Je décide alors d’écrire un scénario basé sur une histoire que l’on vivrait ensemble avant que tout ne vire au vinaigre. Disons, un bébé. Non, c’est cliché et j’ai déjà un scénario qui ressemble à ça. Un homme au volant d’un énorme camion noir engueule la mère de ma copine, juste devant leur maison; elle, dans sa petite voiture rouge, reste là, les doigts crispés sur le volant. L’homme part après son flot d’insultes plus vulgaires les unes que les autres, la mère sort de la voiture, pleure en soubresauts, tremblant de la tête aux pieds, avant de s’effondrer sur le sol, recroquevillée sur ses genoux. L’homme revient à toute vitesse, sort de son affreux truck rouillé, agrippe la mère par la peau du cou et commence à la frapper sauvagement. À la fin de cette scène, je serais parti à la course, sous les insultes proférées par la jeune fille en sanglots devant sa mère défigurée. Ce serait la fin de notre relation de couple, si on veut.
Et même après les quatre (4) comprimés croqués et dissous au fond de mon estomac, je suis toujours éveillé, et je m’imagine en train d’écrire ce scénario.

Il est rendu 3 :11 et les émissions sont finies depuis près d’un quart d’heure. Je quitte ma chambre le 31 mai au soir. Devant l’écran d’ordinateur, je suis prêt à écrire le scénario de ma vie, celui qui partira ma carrière, celui qui sera écrit sans que je ne me souvienne de quoi que ce soit et qui, enfin, ne radotera pas quelque chose de déjà évoqué auparavant. Titre à déterminer – je trouverai bien, je suis doué pour les titres – Scène 1, INT-JOUR X prend ses clés au crochet de l’entrée de sa maison. Il les regarde avant de les déposer au fond de sa poche. Il en sort sa montre, la regarde, puis la range avant de sortir une cigarette qu’il allume. Soudainement, les murs s’éloignent. Tout devient un effet Vertigo à 360 degrés. C’est que plus rien ne l’atteint. En voix-off, il dit : «Plus rien ne m’atteins ». Scène 2, EXT-JOUR-PLAGE X est sur une île tropicale et déserte. Seulement, il s’agit d’un studio de tournage où tous les espaces vides sont remplis par des toiles de plage ensoleillée. Au sol se trouvent des peintures de sable fin, sur laquelle on remarque que l’acrylique utilisée a été mélangée à du véritable sable afin de donner un relief plus réaliste. Plus loin se trouvent les reproductions de la mer et des vagues, et à sa gauche se trouvent les arbres exotiques, les palmiers qui réagissent aux caresses du vent. Plan fixe extrêmement serré sur les yeux jaunis de X. Le cadre s’élargit jusqu’à ne cadrer que le visage : il est plein de fissures, il porte une barbe longue et hirsute, et les cernes sont maintenant rendues complètement noires et descendent jusqu’à ses joues. Il regarde tout autour de lui, les yeux luisant, perdus. Il tourne sur lui-même avec lenteur, et après s’être immobilisé pendant près d’une minute, il s’assoit dans le sable. Il prend des billots de palmiers sortis de nulle part et commence à les attacher afin d’en faire un radeau. Scène 3, INT-NUIT-Studio La fille du scénario imaginée entre dans le studio, allume discrètement une lampe de bureau et reste debout, tenant sa tasse de café de café à deux (2) mains, en regardant des pages de scénario éparpillées sur le bureau. En fait, il s’agit du scénario de Meddley Poetry où on y voit les cadrages indiqués au compat, les lignes de poésies surlignées et barrées, les indications de montage sur une feuille lignée collée sur l’écran du moniteur qui diffuse les images prises jusqu’à présent. Au fond de la salle, on remarque que l’installation des tableaux de plage est toujours en place. Soudainement, X pleure; la jeune fille sursaute et échappe sa tasse de café qui éclate en mille morceaux dans un slow motion dramatique. X apparaît entre deux cadres suspendus par des fils et parle à la fille d’une voix caverneuse : «J’ai trouvé le titre de mon scénario. La Mort d’un Naufragé.» Toujours sous le choc, les deux mains collées à ses joues, la fille fixe X habillé de spectres de vêtements. «Voilà un an que je n’ai pas dormi. J’ai fait un rêve magnifique, la dernière fois que j’ai dormi : j’étais sur une île tropicale, et tout n’était pas parfait, mais tout était vrai. Et du coup, j’ai assimilé toute l’information de ce lieu. Et le lendemain matin au réveil, j’ai commencé à peindre tous les détails, en commençant par le sable. Mon but c’est le syndrome de Stendal.» Contre champ sur la fille qui n’est plus là. …

Il est 2 :43 sur le cadran, lorsque je me réveille. Le soleil passe à travers les stores et je comprends que c’est l’après-midi. À côté de moi, sur mon bureau, se trouve une quinzaine de feuilles lignées remplies de texte avec, comme en-tête, le titre –Mort du Naufragé- suivi du sous-titre –Scénario complet, prêt à être filmé-.
J’appelle mon équipe de tournage. «Demain, vers 1h pm, donc dans moins de 24h (selon la règle), on tourne la première scène. J’ai un film à vous présenter, ça pourrait vous intéresser.»

JD _3h02 am_