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lundi 13 avril 2009

NOTES SUR LE NOUVEAU CINÉMA AMÉRICAIN, Jonas Mekas, partie #3

Troisième partie du texte de Jonas Mekas concernant le nouveau cinéma.

Note sur l’improvisation :
J’ai trop souvent entendu des critiques aussi bien américains qu’étrangers rire aux mots « spontanéité » et « improvisation ». Ils disent que ce n’est pas ça la création, qu’aucun art ne peut être créé « de chic ». Est-il nécessaire que je déclare ici qu’une telle critique est pure ignorance, qu’elle ne s’appuie que sur une acceptation snob et superficielle du mot « improvisation »? La vérité est que l’improvisation n’exclut jamais la densité de la sélection. Au contraire, l’improvisation est la plus haute forme de la densité, elle va droit a la véritable essence d’une pensée, d’une émotion, d’un mouvement. Ce n’est pas sans raison qu’Adam Mickiewicz appelait son fameux monologue de Konrad Walenrod une improvisation. L’improvisation est, je le répète, la plus haute forme de la concentration, de la conscience, de la connaissance intuitive, quand l’imagination commence a rejeter les structures mentales pré-arrangées, combinées, et va directement aux profondeurs de la matière. C’est le vrai sens d’improvisation, et ce n’est pas une méthode du tout; c’est plutôt, un état nécessaire a toute création inspirée. C’est une aptitude que chaque véritable artiste cultive par une vigilance intérieur constante et aussi durable que sa propre vie, par le développement – oui! – de ses sens.

Note sur la caméra gigotante :
Je suis malade et fatigué des gardiens de l’Art et du Cinéma qui reprochent au nouveau cinéaste de travailler avec une caméra gigotante et une mauvaise technique. De la même façon, ils accusent le compositeur moderne, le sculpteur moderne, le peintre moderne de bâclage et de piètre technique. J’ai pitié de tels critiques. Il n’y a pas d’espoir pour eux. Je préférerais passer mon temps à me faire le chantre du nouveau, Maïakovsky a dit un jour qu’il y a une zone dans l’esprit humain qui ne peut être atteinte que par la poésie, et seulement par la poésie qui est éveillée, qui change. On pourrait dire également qu’il y a une zone dans l’esprit (ou le cœur) humain qui ne peut être atteinte que par le cinéma, par le cinéma qui est toujours éveillé, toujours changeant. Seul ce cinéma peut révéler, décrire, nous rendre conscients, faire allusion a ce que nous sommes réellement ou ne sommes pas, ou chanter la véritable et changeante beauté du monde qui nous entoure. Seule, cette sorte de cinéma contient le vocabulaire et la syntaxe propres à exprimer le vrai et le beau. Si nous étudions la poésie filmique moderne, nous découvrons que même les fautes, les plans qui ne sont pas au point, les plans tremblés, les pas mal assurés, les mouvements hésitants, les morceaux sur- ou sous-exposés font désormais partie du vocabulaire du nouveau cinéma, puisqu’ils font partie de la réalité psychologique et visuelle de l’homme moderne.

1 commentaire:

  1. "J’ai trop souvent entendu des critiques aussi bien américains qu’étrangers rire aux mots « spontanéité » et « improvisation ». Ils disent que ce n’est pas ça la création, qu’aucun art ne peut être créé « de chic »."
    ... Je ne m'attendais vraiment pas à une citation de la sorte! Quand je pense au temps ou j'écrivais une nouvelle sur le coup et que je ne la développait pas par après, on m'accusait de paresse... Mais pour moi c'est une règle d'or: ne jamais retravailler sur un texte qui, par exemple, a été écrit durant toute une nuit sur le même feeling. J'ai jamais vu la même histoire quand j'essayais de la retapper... alors pourquoi essayer, si elle me satisfait sur le moment et par après?
    C'est écrire dans un calepin de notes. Qui retranscrit ça?

    Pour ce qui est de la caméra gigotante, alors ça c'est très drôle! Mes premiers scénarios, je les voyais tellement cinématographiques, à l'image de Lost in Translation ou whatever. Après avoir essayer 2-3 fois la manipulation dla cam hi8 de mon secondaire, j'ai une tendance plus prononcer pour le grain louche, le glitch et le cinéma fait un peu sur la go. Là d'dans ya aussi de l'influence de Morin... Mais en gros, jcrois que c'est surtout une recheche dans le jeu et le moment que je veux, et pas nécessairement le cadrage parfait et tout le coté technique... Tout ça, j'le laisse aux pros dla tech, genre Rob!

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